Sais-tu danser la Carioca ? [Terminé]

Le poing de Kakashi cogna la porte en bois trois fois, puis sa voix s’éleva dans les airs. Pendant ce temps Pakkun tentait de retrouver la trace de Rukia tout en luttant contre le sommeil. Il était assis à côté de Kakashi et il essayait de sentir si la demoiselle se trouvait derrière la porte. Le chien avait eu une journée un peu éprouvante, ses jeunes fils délurés voulaient courir de partout. Il eut un mal ‘de chien’ à les calmer. Puis le silence s’était installé, la Lune s’était levée et Pakkun avait enfin pu s’installer confortablement : il n’attendait plus que Morphée. Il ferma les yeux ; Kakashi l’invoqua (VDM). Le petit chien aurait pu sauter au cou du shinobi s’il n’avait pas dit que c’était à propos de Rukia Namikaze. Ce prénom lui disait quelque chose, mais surtout son nom signifiait qu’il fallait agir de toute urgence. C’est ainsi qu’il se trouva [pour son plus grand désespoir] devant une maison de Konoha, en train de chercher les traces de la jeune fille, à la place d’un endroit chaud, douillet et confortable. Le petit chien tenta de se concentrer un peu plus, il était sûr de pouvoir la trouver. En quelques secondes, il s’aperçut que la jeune fille n’était pas loin de la maison. Mais… elle ne semblait pas être dans cette maison. Il releva la tête et dit d’une voix molle, fatiguée mais rassurante :

« Et si tu regardais derrière toi ? »

Kakashi, les bras croisés, pencha la tête vers Pakkun puis écouta le conseil de son fidèle compagnon. Il tourna la tête puis les talons. Pile à ce moment là, Rukia lui demandait ce qu’il faisait là. La demoiselle, la clope au bec, ressemblait un peu plus à Asuma. Cette comparaison fit naitre un léger sourire sur son doux visage. Pourtant, le jeune jônin était obligé de garder un minimum de sérieux : il venait la voir parce que Tsunade le lui avait demandé. Ses bras furent relâchés dans le vide, intérieurement il était rassuré de la voir. Le jeune homme avait eu une crainte infime qu’elle ne revienne pas avant seize ans. Il commença à s’approcher de son amie et Pakkun, en voyant le shinobi s’éloigner, conclua que sa micro-mission était terminée.

« Bon, je rentre me coucher ! » avait-il lancé d’une voix trainante.

L’homme non masqué se tourna de moitié et fit un signe de la main en signe d’au revoir. Puis, retrouvant sa trajectoire initiale, il fit un pas de plus vers la demoiselle aux pieds nus. Il avança jusqu’à être face à elle. Il resta silencieux pendant quelques secondes, le temps que les humeurs s’apaisent. Kakashi savait que la soirée avait été une rude épreuve pour le moral des deux jeunes gens. Il avait besoin d’un peu de silence pour compenser le brouhaha continu de la soirée. Ses yeux fixaient sérieusement ceux de la jeune fille. Le jeune homme n’oubliait pas que cette visite n’était pas courtoise, au contraire il était là pour obéir à l’Hokage. Ce n’était rien d’autre. Il se demandait comment elle allait réagir, il voyait bien qu’elle était angoissée : le nombre de cigarettes consumées était la preuve. Encore une fois, Kakashi esquissa un sourire. Il ne savait pas si elle l’avait remarqué, mais en regardant derrière elle il avait vu plein de clopes. Ce petit détail lui avait évoqué l’histoire du Petit Ninja connu pour avoir retrouvé son chemin grâce à des grains de riz qu’il avait parsemé. Le jônin eut l’impression de se perdre, cette histoire n’a rien avoir ! –se persuada t-il– en face de lui se trouvait une jeune kunoichi convoquée par Tsunade.

« Rukia, tu viens d’agresser un Kage par conséquent Tsunade veut te voir demain matin dans son bureau. »

Ça y est, la phrase officielle était lancée. Il avait balancé ceci à une allure folle. Ce ton pressé ne lui ressemblait pas. Pourtant il ne voyait pas d’autres moyens que la rapidité pour se débarrasser de cette phrase désagréable à entendre et à dire. Tel un enfant il baissa un peu plus la tête en attendant la réaction –si possible calme– de Rukia.

PS : si tu veux passer tout de suite à la visite chez Tsunade je peux changer la dernière phrase.

Le jeune homme se détourne de la porte et pose son regard sur elle. A son tour, elle le jauge sans daigner lui offrir une once de politesse. Elle avait pris la décision de l’oublier et lui venait sonner à sa porte, comme si un Dieu s’amusait à contrecarrer tous ses plans. La divinité qui tirait les ficelles de sa vie devait être un sacré farceur ; ce clown voulait certainement dessiner sous ses pieds un destin incroyable : celui de la faire sombrer dans la déraison la plus totale. Le bras lourd, elle mène sa cigarette à ses lèvres et la consume un peu plus. Elle ne voyait plus que cette explication pour donner un sens à tous ces rebondissements aussi incompréhensibles que nuisibles. Elle le regarde esquisser un sourire, le regard méfiant. Oui elle savait qu’elle avait été pitoyable, oui elle avait bien conscience que son état devait être hilarant pour celui qui s’était amusé avec elle : tout cela, elle le savait. Qu’allait-il maintenant lui apprendre, de quel élément sensationnel allait-il lui faire part ? Elle expulse la fumée entre ses lèvres et attend patiemment; de toute manière, elle ne pouvait pas rentrer sans sa clé. Avec appréhension, elle l’observe s’approcher lentement. Pensait-il vraiment qu’elle était débile au point de se faire avoir deux fois ? Sous l’arbre avait déjà été une fois de trop, elle ne se laisserait plus faire. Le jeune homme avança jusqu’à être à quelques pas d’elle. La limite de sécurité étant dépassée, la Kunoichi esquissa un pas en arrière ; plus jamais elle ne le laisserait s’approcher à moins de cinq mètres.

Il ne la lâcha pas des yeux jusqu’à temps qu’il lui avoue la raison de sa visite : l’hypothèse de la mission se confirmait enfin. D’un geste las, elle jette sa tope au sol puis l’éteint naïvement de son talon nu. Je n’ai pas mal. Je n’ai… PAS MAL ! Au dernier moment, elle retient un sautillement de douleur et jette un regard apathique vers le Jûunin. C’était de sa faute si elle s’était brûlée, tout comme c’était sa faute si elle avait acheté des clopes, et c’était aussi sa faute si le shinobi d’Iwa s’était barré. Ne sachant plus quoi faire de ses mains, elle les croise devant elle, hausse les sourcils et répond au Jûunin, le ton las :

« Ok. »

Jugeant l’échange terminé, la jeune fille dépasse le Jûunin et s’approche de la porte. Pourvu qu’elle soit ouverte. Pourvu qu’elle soit ouverte… Pourvu que… L’épaule de la jeune fille heurte la porte de l’appartement. Et bien si, elle était belle et bien fermée. Le geste expert, elle passe une main dans ses cheveux et y déloge une barrette. Lorsqu’elle était gamine, rares étaient les soirs où elle ne faisait pas le mur pour rejoindre Itachi ; elle avait donc dû apprendre à ouvrir les portes par les moyens du bord et surtout, ne pas oublier de bien refermer la porte derrière elle. Alors tous les soirs, elle portait dans ses cheveux une barrette, plus par nécessité que par coquetterie. Néanmoins, ce qu’elle n’a jamais su, c’est que ses parents laissaient tous les soirs la porte ouverte.

Le souvenir de la barrette fait s’ouvrir une brèche encore béante en elle ; ce n’était ni le moment, ni l’endroit pour la visiter. Alors elle souffla profondément et se pencha sur la serrure, comme pour observer son fonctionnement. Comment faire pour fuir le jeune homme ? Elle doutait qu’il choisisse de lui faire de l’air si facilement, après tout elle était si drôle ; et elle, elle doutait étrangement de ses capacités à faire s’ouvrir cette porte avec une simple barrette. Après tout, ça faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas fait. Elle se détourne de la petite serrure et jette un regard au-dessus de son épaule. Il ne lui fallait qu’un signe, qu’un indice, n’importe quoi pour prétexter un départ. Une voix teintée de rose brisa alors le silence qui les entourait. Rukia tenta alors un regard par-dessus de l’épaule de Kakashi, d’où semblait venir la voix. Sakura sortit de l’ombre du Jûunin, n’oublia pas de rougir comme pour s’excuser d’avoir gâché ce doux moment de retrouvailles entre les deux amants et s’avança vers la Kunoichi. Rukia leva un sourcil, regardant avec calme ce brin de femme s’élancer vers elle.

« Rukia ! Tsunade-Sama te cherche !

Et bien, et bien. Elle en apprenait des choses aujourd’hui. Déjà Kakashi lui apprenait qu’elle avait agressé un Kage, comme si elle ne s’en était pas rendue compte, ensuite elle apprend qu’elle a un rendez-vous le lendemain avec sa marraine et pour finir, une jeune fille rose lui rapporte que ladite Marraine la cherche, corps et âme. Quelques fois, elle avait vraiment l’impression d’avoir affaire à des échos. La jeune fille soupire, hausse les épaules puis lance à la jeune fille :

- Et moi je cherche mes clés. Tu vois, chacun ses problèmes. La Rose entrouvrit les lèvres, ne s’étant certainement pas attendu à ce genre de réponse puis, chercha dans sa robe la petite clé de fer. Une fois trouvée, elle la tend à Rukia qui l’enfonça dans la serrure

- Qu’est-ce que tu vas faire ?
- Dormir. Etonnant, n’est-ce pas ? »

Sans plus attendre, la jeune fille fit cliqueter la clé dans la serrure et abaissa la poignée. Sans un regard derrière elle, elle s’enfonça dans la maison, heureuse de ne pas avoir écouté son cœur lui crier d’adresser n’importe quoi, mais au moins quelque chose à l’intention du Jûunin.